Hymne National

10 septembre 2009

Lu aujourd’hui dans Libération a l’occasion du match France-Serbie : « les choses avaient plutôt bien commencé dans la soirée avec un [stade de] Marakana pas si agressif que ça, qui a applaudi la Marseillaise ! ».
http://www.liberation.fr/sports/0101590040-les-bleus-evitent-le-crash

Je sais bien que je suis un vieux con réac malgré mon âge (encore) raisonnable, mais je n’en reviens pas que le journaliste s’étonne. Qu’il y a-t-il d’extraordinaire a applaudir l’hymne de l’équipe concurrente ? A lui témoigner un respect dû, a l’occasion d’une rencontre sportive, et donc amicale par définition ?

Evidement, cet éclat de dignité surprend puisque l’on a perdu en France jusqu’à sa notion même… Il y a quelques années, dans les tribunes officielles (qui plus est réservées au personnel du ministère de la Défense) du Défilé du 14 Juillet, l’on m’avait demandé d’une manière peu amène de me rasseoir au passage des Couleurs, sous prétexte que « l’on ne voyait plus rien ». Pour qui me prenais-je exactement a me lever au passage de notre Drapeau ?
Moins confidentiellement, notre hymne national n’est-il pas régulièrement sifflé, par nos propres concitoyens ? Les motifs ne manquent pas selon eux : un état policier, un héritage colonialiste écœurant, une société de classe qui ne dit pas son nom… Comme si une partie de la France vomissait l’autre (« Ma France a Moi » chante d’ailleurs Diam’s, dans un excès d’appropriation). Peu importe après tout que leurs motivations, qui tiennent souvent davantage de la provocation que de la conviction !

Alors que des étrangers (1) applaudissent, dans un geste de respect d’une nation amie mais concurrente sur le terrain de foot, voila qui a de quoi surprendre un journaliste ! A fortiori, un journaliste de Libération, journal qui a tant contribué a affaiblir l’image même d’une France respectueuse et respectable dans l’esprit de ses lecteurs…

Ce respect de la nation adverse, mais non adversaire, n’est-ce pas d’ailleurs l’un des exemples de cosmopolitisme que l’on reprochait récemment a Bernard Kouchner ? Le reproche de se lever pour l’hymne anglais mais de prêter moins attention a la Marseillaise (2) ? (Une conduite touchante il est vrai, tant notre hymne national est copieusement sifflé dans les pubs londoniens lors du tournoi des 6 Nations… mais enfin, passons, si l’on commence a régler notre conduite sur celle des Anglais, nous n’en sortirons pas).

Il était un temps ou la grandeur de la France était de se poser en phare des pays, non par prétention a dicter leur conduite, mais en leur offrant un modèle de civilisation a suivre. En son temps, cette vision politique a rayonné jusqu’en Europe centrale. Et l’attitude des spectateurs Serbes d’hier soir en est peut-être un écho assourdi, comme le reflet de la lumière d’un astre éloigné, que l’on perçoit encore de loin, alors que sa source s’est tarie depuis longtemps.

(1) Et des étrangers avec lesquels nous étions presque en « situation de guerre », il y a quelques années a peine, quand nos troupes patrouillaient en ex-Yougoslavie pour la force d’interposition K-FOR.
(2) Dans le livre de Pierre Péan, « le Monde selon Kouchner ». Source: http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/02/04/kouchner-les-passages-contestables-du-livre-de-pean.html

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